Valéry Giscard d’Estaing

Valéry Giscard d’Estaing s’en est allé.

A l’image de sa vie il est parti en toute élégance.

Intelligent, brillant, cultivé, chacun s’accorde à lui donner ces qualités.

Je l’ai personnellement connu, lorsque n’étant plus Président de la République il décida de reprendre le chemin des urnes et de se représenter à la Députation.

Quelle ne fut pas ma surprise de le voir un jour ouvrir la porte de mon bureau à l’Assemblée Nationale, très beau bureau Empire au demeurant, en me demandant tout simplement de le lui céder dans le cadre de l’affectation des bureaux qui intervient après chaque législative.

Quelle ne fut pas sa surprise devant mon refus, aussi catégorique que courtois !

Nous avons donc été voisins pendant 5ans, et avons souvent échangés dans les couloirs ou les ascenseurs des Ministres au Palais Bourbon, lui en tant qu’ancien Président de la République, moi toute jeune diplômée en Droit, Chargée de Cours à l’Université de Droit et de Sciences Politiques  de Paris V  et Conseillère Parlementaire.

Cet homme avait l’art de rendre simples les sujets les plus compliqués.

Ardent défenseur de l’Europe, il était capable de nous subjuguer dans l’hémicycle pendant des heures sur ce thème cher à son cœur, et tous nous en ressortions avec  une vision plus claire, plus évidente, de la nécessité de cette construction européenne et du rôle prédominant que devait y jouer la France.

Le revers de son intelligence hors du commun a sans doute été de lui ôter ce contact, cette chaleur humaine, si présente chez Jacques Chirac ou chez Nicolas Sarkozy, aussi à l’aise dans la rue que sous les ors de la République, et n’aimant rien moins que d’aller à la rencontre des Français dans les villes et les campagnes.

Il n’en reste pas moins que nous avons perdu un grand Président, qui a su insuffler à notre société un vent nouveau et des réformes décisives.