L’article 49-3 : un aveu de faiblesse pour qui ?

Article 49-3

S’il est un article de la Constitution que beaucoup connaissent, c’est bien l’article 49-3

D’un simple instrument de rouage des institutions, il est devenu un instrument hautement médiatique et donc politique.

Il a donné par la même comme un air de faiblesse à celui qui l’utilise alors même qu’il se voulait lors de sa création,  la manifestation d’une arme à la main du gouvernement qui entend rappeler que c’est lui qui gouverne.

Tout dépend, me direz-vous de comment on l’ausculte…

S’il reste un moyen ultime de débloquer une situation, la révision constitutionnelle du 23 juillet 2008 en en limitant son utilisation l’a considérablement affaibli.

Désormais autorisé pour les seuls projets de loi de finances et projets de loi de financement de la sécurité sociale, cette révision a mis l’accent sur deux textes essentiels sur lesquels on n’imagine pas que le Gouvernement puisse être mis en difficulté.

Cette restriction du champ d’application a ainsi renforcé l’image de faiblesse d’un gouvernement, et nul doute que l’impact du 49-3 sur un tout autre texte ne produirait pas les mêmes effets.

La preuve en est que son utilisation avant 2008 n’a pas suscité le même émoi loin de là

Il n’est que de citer le Gouvernement de Michel Rocard, qui entre 1988 et 1991 l’a utilisé plus de 28 fois, dans la quasi-indifférence générale, suivi en cela par nombreux de ses successeurs

Est-ce à dire que nos gouvernants d’aujourd’hui sont plus faibles que nos gouvernants d’hier ?

Pas si sûr, car examiner le 49-3 du seul côté du Gouvernement serait une erreur.

Le pendant de la Question de confiance posé par le Gouvernement est la Motion de censure à la main de l’Assemblée nationale.

En la votant, l’Assemblée vote sa défiance et renverse le gouvernement

Or, aucune motion de censure n’a jamais été votée sous la Vème République, exceptée celle de 1962, le Parlement marquant ainsi son opposition farouche au referendum voulu par le Général de Gaulle pour l’élection du Président de la République au suffrage universel.

Exceptée donc cette motion de censure, aucun gouvernement n’a été renversé

S’il y a faiblesse donc, il n’est pas inutile de penser que cette faiblesse est partagée par le Gouvernement et par le Parlement

Dans ces conditions, ne revient-on pas à la genèse de la constitution, qui donne au Gouvernement une arme tendant à réaffirmer son pouvoir ?

Une chose est sûre,  le Gouvernement semble aujourd’hui n’être responsable que devant le Chef de l’Etat et non plus dans les faits, devant le Parlement.

Certains y verront une marque de l’affaiblissement de notre régime parlementaire, d’autre une marque supplémentaire de la présidentialisation de notre régime, ce qui revient au même !

Pour autant, cette vision n’est pas sans risque, car en sortant du seul duel Gouvernement- Parlement, tous les regards se tournent vers le Président de la République qui porte alors seul l’image de faiblesse donnée par le 49-3…

Geneviève SALSAT
Présidente de Public Conseil
Présidente de la Commission Institutionnelle
du Groupement du Patronat Francophone
Elue à la Celle St Cloud (78)

Les économies d’énergie : Après avoir été cigales, il nous faut devenir fourmis !

L’économie d’énergie, on nous en parle de loin en loin depuis longtemps. A vrai dire depuis le premier choc pétrolier de 1974. Ce n’est donc pas nouveau.

Mais qu’avons-nous fait depuis ?

Dans une société de surconsommation, il faut produire, produire toujours plus, dans une spirale infernale où l’illusion du bonheur rime avec abondance.

Certains esprits éclairés voyaient bien que ça ne pouvait pas durer éternellement, mais jouer les Cassandres n’a jamais été populaire, encore moins quand tout vous pousse à consommer

Alors comme le cite la chanson d’Alain Souchon :

«  on avance, on avance, on avance,
On a pas assez d’essence pour faire le chemin dans l’autre sens
Tu vois pas tout ce qu’on dépense
Faut pas qu’on réfléchisse ni qu’on pense
On avance… »

Face à l’entêtement humain, il fallait bien que la nature s’en mêle !

Qu’elle s’assoie à la table sans y avoir été invitée, qu’elle dise stop aux puissants afin de leur faire redécouvrir l’humilité humaine depuis longtemps oubliée.

On aurait pu penser que les changements climatiques, l’appauvrissement des réserves d’eau, l’appauvrissement des sols, étaient autant de sonnettes d’alarme entendables par l’oreille humaine

Certes, mais habitués à n’entendre que leur propre voix, c’est au travers des canons Russo -Ukrainiens que les dirigeants européens ont pris pleinement conscience du risque de pénurie d’énergie qui touchera de plein fouet leurs économies.

Dès lors chacun s’agite, fait des annonces, brandit des sanctions pour endiguer la menace.

Rien n’y fait. Il nous faut donc, après avoir été cigales, devenir fourmis !

La force des fourmis c’est la somme des actions de chacune au service de toutes. Une belle organisation, qui quand on l’observe de près n’a rien à envier à la nôtre, plus dispersée et individuelle s’il en est.

Pour autant, l’heure n’est plus aux tergiversations car la menace de lointaine s’est fait proche, au point qu’il nous faut en appeler à la responsabilisation individuelle pour contrer une menace collective.

L’heure du gaspillage, de la surconsommation, de l’insouciance est passée et nous n’avons en effet « plus assez d’essence pour faire le chemin dans l’autre sens »…

Alors à nous d’être inventifs pour consommer moins et mieux

Des solutions existent, qui peuvent s’inviter dans chaque ville, dans chaque foyer.

La fin de l’éclairage des bureaux la nuit en est une.

La comptabilisation de l’énergie domestique en est une autre.

Permettre à chacun de contrôler et de maîtriser sa consommation d’énergie, de payer son chauffage selon sa consommation réelle et non plus selon la taille de son appartement est une évidence, bien souvent négligée et qui pourtant, au regard du nombre de logements concernés, serait une vraie avancée.

Les textes législatifs et réglementaires sont là, endormis depuis des lustres. Il est temps de les réveiller.

Bien d’autres exemple pourraient être cités.

Le défi est grand, il réclame que nous soyons innovants et que telles des fourmis, nous utilisions chaque levier pour participer à un enjeu collectif… celui de notre survie…

Geneviève SALSAT
Présidente de Public Conseil
Présidente de la Commission Institutionnelle du
Groupement du Patronat Francophone ( GPF)
Conseillère Municipale de la Celle St Cloud (78)

[TRIBUNE] Pauvre Justice, Pauvre de nous…

Il y avait « Il faut sauver le soldat Ryan», il y a maintenant « il faut sauver le soldat PNF » …

Nous avions le tribunal médiatico social, nous avons maintenant le tribunal soldat.

Car il s’agit bien de cela. La sentence à l’encontre de Nicolas Sarkozy, n’est autre que la justification d’un entêtement jamais vu par un tribunal dont on ose se demander s’il n’a pas été créé uniquement pour ce justiciable ?

Et quel justiciable ! L’histoire se répéterait-elle… 

De Nicolas Fouquet, il en a le prénom

De présumé coupable, il en a le costume

D’acharnement judiciaire, il en a l’héritage

Ne pas le condamner c’était reconnaître son inutilité, ses fautes de droit et ses errances…

Inconcevable pour un tribunal me direz-vous, mais tout aussi inconcevable pour les citoyens que nous sommes.

François Mitterrand avait supprimé la Cour de Sûreté de l’Etat, juridiction d’exception, François Hollande a créé le Parquet National Financier. Lourde tâche qui ne lui rend pas honneur tant les visées politiques de cette instance sont visibles.

Cette condamnation ouvre la porte à tous les abus, et bien au-delà de l’affaire précise, c’est tout notre droit et par là-même notre démocratie qui sont ainsi bafoués.

Comment admettre qu’on puisse en toute impunité mettre sur écoute un ancien Président de la République et figure emblématique de l’opposition ?

Comment admettre que l’on puisse être condamné sur des conversations pour lesquelles il n’y a jamais eu le moindre commencement d’exécution ?

On avait vu ce PNF à l’œuvre avec François Fillon, mais on pouvait espérer que peu fier de son action, il serait à l’avenir plus respectueux du droit.

Que nenni, c’était sans compter ses visées politiques, qui cette fois ci n’en doutons plus, constituent son seul ADN.

Une justice soldat aux ordres du pouvoir qui la créée, nous laisse un avant-goût de dictature.

Après  celle des réseaux sociaux, il ne nous manquait plus que cela !

Geneviève SALSAT
Présidente de Public Conseil
Présidente de la Commission Institutionnelle
du Groupement du Patronat Francophone (GPF)
Conseillère Majorité Municipale de La Celle St Cloud (78)
Ancienne Attachée Parlementaire à l’Assemblée Nationale

Crédit : א (Aleph), CC BY-SA 2.5 https://creativecommons.org/licenses/by-sa/2.5, via Wikimedia Commons

Valéry Giscard d’Estaing

Valéry Giscard d’Estaing s’en est allé.

A l’image de sa vie il est parti en toute élégance.

Intelligent, brillant, cultivé, chacun s’accorde à lui donner ces qualités.

Je l’ai personnellement connu, lorsque n’étant plus Président de la République il décida de reprendre le chemin des urnes et de se représenter à la Députation.

Quelle ne fut pas ma surprise de le voir un jour ouvrir la porte de mon bureau à l’Assemblée Nationale, très beau bureau Empire au demeurant, en me demandant tout simplement de le lui céder dans le cadre de l’affectation des bureaux qui intervient après chaque législative.

Quelle ne fut pas sa surprise devant mon refus, aussi catégorique que courtois !

Nous avons donc été voisins pendant 5ans, et avons souvent échangés dans les couloirs ou les ascenseurs des Ministres au Palais Bourbon, lui en tant qu’ancien Président de la République, moi toute jeune diplômée en Droit, Chargée de Cours à l’Université de Droit et de Sciences Politiques  de Paris V  et Conseillère Parlementaire.

Cet homme avait l’art de rendre simples les sujets les plus compliqués.

Ardent défenseur de l’Europe, il était capable de nous subjuguer dans l’hémicycle pendant des heures sur ce thème cher à son cœur, et tous nous en ressortions avec  une vision plus claire, plus évidente, de la nécessité de cette construction européenne et du rôle prédominant que devait y jouer la France.

Le revers de son intelligence hors du commun a sans doute été de lui ôter ce contact, cette chaleur humaine, si présente chez Jacques Chirac ou chez Nicolas Sarkozy, aussi à l’aise dans la rue que sous les ors de la République, et n’aimant rien moins que d’aller à la rencontre des Français dans les villes et les campagnes.

Il n’en reste pas moins que nous avons perdu un grand Président, qui a su insuffler à notre société un vent nouveau et des réformes décisives.

La liberté ou la mort !

La France, pays des lumières, connait aujourd’hui les ténèbres !

Elle redécouvre la terreur sous sa forme la plus sanguinaire

Une terreur meurtrière et fanatique qui nous frappe et nous glace d’effroi.

Depuis le massacre des Chrétiens d’Orient, soit dit en passant dans la quasi indifférence générale, nous sommes le sinistre théâtre d’une violence islamiste qui s’attaque, au travers de ses victimes, aux symboles qu’elles représentent.

L’assassinat du Père Jacques Hamel dans son église, l’attentat de Charlie Hebdo au sein même du journal, la décapitation de ce professeur d’histoire, montrent qu’au-delà de leurs personnes ce sont les fondements de notre société qui sont assassinés et décapités !

La laïcité, issue de la séparation de l’Eglise et de l’Etat, la liberté d’expression, sont les deux piliers de notre démocratie qu’il faut à tout prix abattre parce que insupportables pour des fanatiques religieux. Qu’ils soient par ailleurs instrumentalisés ou non ne change rien à l’affaire.

La seule réponse est la fermeté car la lâcheté des démocraties a toujours amené le chaos, la seconde guerre mondiale, en a été à ce titre un des plus effroyables exemples.

Mais me direz-vous comment faire ?

La première des fermetés est de défendre notre laïcité, qui est notre identité profonde et la digue, qui si elle se rompt, emportera notre passé et notre futur.

La seconde fermeté est de défendre notre liberté d’expression, sans diktats, sans auto censure, sans peurs, car sans liberté d’expression il n’existe aucune liberté.

Nous le devons aux personnes qui ont payé ce combat de leur vie.

Nous le devons aux générations futures qui ne nous pardonneraient pas notre lâcheté.

Nous le devons à nous même pour maintenir ce sentiment d’appartenance à cette grande nation qu’est la France…

[TRIBUNE] Le respect de l’autre. Vous dites ?

https://www.cercle-k2.fr/zho/studies/le-respect-de-l-autre-vous-dites-431

Et si la clé de voute et le salut de notre humanité étaient tout simplement le respect de l’autre…
De premier abord cela semble dérisoire. Comment une si petite chose, tellement oubliée pourrait- elle changer notre société ?

Et pourtant à bien y regarder, le respect de l’autre pourrait impacter l’ensemble de notre société dans tous ses domaines.

 Politique d’abord.

 « Il n’est pas de grands hommes sans vertu, sans respect des droits il n’y a pas de grand peuple »  Plus qu’une citation c’est tout un programme que nous livre Alexis-Henri-Charles Clérel, comte de Tocqueville, philosophe politique, précurseur de la sociologie et homme politique français.

Le respect de l’autre nous éviterait ces noms ridicules et autres sobriquets donnés aux hommes et aux femmes politiques qui briguent tous les cinq ans la plus haute fonction de l’Etat et qui ridiculisent avant l’heure la personne et par effet de ricochet la fonction présidentielle, lui faisant perdre au passage le peu de légitimité et de lustre qui lui reste et qu’elle tenait de la monarchie et du droit divin.

Le respect de l’autre impacterait notre système judiciaire dont les principes fondamentaux tels que la présomption d’innocence ou  le secret de l’instruction ne sont plus que de vagues chimères ballotées au rythme des réseaux sociaux ou d’une presse à sensation. Il rétablirait le principe essentiel de notre droit pénal,  la certitude des peines, réaffirmant ainsi le respect dû aux victimes de crimes et de délits.

Cette philosophie nous éviterait les spectacles désolants d’invectives lors des débats politiques ou des traditionnelles Questions au Gouvernement au Parlement, laissant une fois de plus la forme supplanter le fond.

En un mot elle redonnerait à la vie politique et aux institutions une colonne vertébrale lui permettant de ne pas plier, tel un enfant apeuré, devant les grandes décisions qui font progresser un peuple dans le respect de ses droits.

 Sociétal ensuite.

« A aucun moment de l’histoire, le respect humain n’a brillé d’un très vif éclat » Amère constatation de Charlie Chaplin,  génie du cinéma, qui a su si bien observer et retranscrire nos émotions et nos travers…

Et pourtant, imaginer une société imprégnée du respect de l’autre, c’est imaginer une société sans incivilités et agressions, sans burn out, c’est surtout imaginer une société plus civile, plus éthique.

On aurait pu croire qu’au fur et à meure de notre évolution et de nos connaissances nous aurions des relations sociales apaisées. Il n’en est rien.

Force est de constater que dès le plus jeune âge, notre système scolaire a largement oublié cet enseignement, oubli tout juste réparé chez quelques professeurs de philosophie dont le mérite est grand devant un parterre de jeunes lycéens plus souvent intéressés par les matières scientifiques que par l’apprentissage de la sagesse des philosophes Grecs ou Romains … 

Mais me direz-vous l’éducation nationale n’a pas pour vocation d’éduquer, mais d’instruire.

C’est là toute son ambiguïté, qui aurait dû depuis longtemps être levée afin de ne pas laisser croire à des parents défaillants que l’école pourrait remédier à leur désertion.

Il n’est que de voir la montée de la violence dans les cours de récréation ou dans les classes de lycée pour comprendre que nous avons failli dans la plus élémentaire et cruciale des leçons, celle du respect de l’autre.

Les pères fondateurs de l’école n’avaient-ils pas créé le ministère de l’Instruction Nationale ?

Force est de constater que sorti de l’école le respect humain n’a que peu progressé pour ne pas dire complètement disparu avec l’avènement du règne des réseaux sociaux.

Cette toile invisible qui nous englue dans le voyeurisme, donne le courage à l’anonyme de détruire son prochain en toute impunité, confortablement installé derrière son  écran, caché sous un pseudonyme.

Erigé en tribunal social, internet vous condamne avant même que vous soyez jugé, mais oublie de vous réhabiliter avec la plus spectaculaire des légèretés.

Comment lutter contre ce fléau si ce n’est par le respect de l’autre ?

Environnemental enfin.

C’est sans doute dans ce domaine que le respect de l’autre prend sa plus large dimension.

L’humanité commence à comprendre l’urgence de ce respect tant envers elle-même qu’envers l’écosystème qui l’entoure.

La destruction massive de la faune et la flore, la disparition d’espèces, menacent aujourd’hui sa propre survie et il n’est que temps d’en prendre conscience et d’y remédier.

Ce respect passe par la protection des animaux qui nous entourent. Pensez qu’il aura fallu attendre 2015 pour reconnaitre officiellement l’animal comme « un être vivant doué de sensibilité » et non plus comme « un bien meuble »  et 2018 pour que le cheval passe du statut d’animal de rente  au statut d’animal de compagnie !

Il passe également par le respect des animaux sauvages dont la capture, la contrebande, la modification de leurs  espaces naturels participent  à leur extinction.

En un mot il passe par le respect de la vie elle- même, sous toutes ses formes, des plus microscopiques aux plus grandes, car chacune à une fonction dont nous ne pouvons nous passer.

Pour conclure ces propos, je citerais la phrase de Voltaire «  les titres ne servent de rien pour la postérité : le nom d’un homme qui a fait de grandes choses impose plus de respect que toutes les épithètes »

Il nous reste de grandes choses à accomplir, et le plus grand défi de l’homme est et restera, à n’en pas douter, le respect de l’autre… mais en avons-nous seulement encore conscience ?

L’Isolement de l’Humanité

Comme un arrêt sur image, l’humanité toute entière a suspendu son souffle devant un ennemi si petit qu’il en est invisible, mais si dangereux qu’il a réussi en quelques semaines à anéantir toute activité humaine.

Il nous renverse, nous bouleverse, nous inquiète, mais il nous oblige à regarder notre monde, et quel monde ?

Un monde où la plus grande industrie hôtelière n’est propriétaire d’aucun lit.

Un monde où la plus grande entreprise de communication est capable de nous ausculter, nous cerner, sans jamais nous avoir rencontré.

Un monde où l’infiniment petit  est un ennemi plus redoutable que toutes nos armées réunies.

L’isolement pousse à l’introspection

Peut-il en être de même des états et de nos gouvernants ?

L’exercice  aurait quelques vertus…

La première celle du constat :

Le constat que nous avons perdu depuis bien longtemps la notion d’indépendance stratégique. Sinon comment expliquer notre dépendance pharmacologique envers un pays, la Chine pour ne pas la nommer, qui produit aujourd’hui selon les études, près de 80% de nos médicaments et nous met dans une situation très dangereuse

Le constat de la continuité de notre impréparation face aux grands fléaux.

Nous avons combattu en 1914 avec une armée de 1870, en 1940 avec un équipement militaire et une stratégie datant de la première guerre mondiale, nous combattons aujourd’hui un ennemi sanitaire à mains nues et à visage découvert…

La seconde celle du ressaisissement :

Dans nos malheurs, nous sommes toujours sortis vainqueurs, mais à quel prix…

Au prix de vies humaines, malgré le courage, l’abnégation et l’engagement d’un corps médical exemplaire.

Il est temps que nous reprenions notre destin en main, que nous cessions de le confier à d’autres, que nous retrouvions une indépendance en matière de santé publique, que nous relancions une politique d’industrialisation, que nous cessions les délocalisations, que nous puisions dans notre savoir- faire, notre ingéniosité, notre intelligence pour trouver des solutions.

La pandémie a mis chaque acteur économique et politique devant ses responsabilités.

Les premiers les prendront parce qu’ils n’ont pas le choix

Les seconds en auront-ils le courage ?

C’est  la question qu’aujourd’hui tous les Français se posent…

Jacques Chirac ou l’art d’aimer

Nous ne changerons jamais…

Depuis la révolution, les Français n’ont de cesse que d’aimer ceux qu’ils ont rejetés et de rejeter ceux qu’ils ont aimés.

L’hommage, l’affection, le sentiment d’attachement donnés à Jacques Chirac en ces jours de deuil national en a été une illustration parfaite.

Critiqué pour sa politique intérieure, vilipendé pour son principe de précaution inscrit dans la Constitution, qualifié de « roi fainéant » par certains, encensé pour sa position lors de la guerre d’Irak par d’autres, il est aujourd’hui dans le cœur de chacun, qui voit partir avec lui une certaine idée de la France.

Une France incarnée par cet homme de prestige et de prestance, une France de convivialité et d’empathie, une France qui a des convictions, une France profonde, bref une France qui aime la France.

Notre histoire est marquée par ces allers-retours d’affection et par cette mélodie de « Je t’aime moi non plus » qui, en sourdine, rythment nos élans nationaux : monarchiques d’abord, révolutionnaires ensuite, constitutionnels enfin.

La Vème République n’est pas en reste.

Du Général de Gaulle à Jacques Chirac, sans oublier Nicolas Sarkozy, pour ne citer qu’eux, tous ont été adulés, rejetés, puis regrettés avec la même ferveur, comme si l’absence, qu’elle soit politique ou physique nous faisait comprendre à quel point nous sommes attachés à ces hommes qui ont eu entre leurs mains le destin de notre pays.

Dans ce dernier hommage, les Français ont témoigné leur profonde affection à celui qui avait si bien su les aimer, depuis les bistrots de Corrèze… jusqu’aux ors de la République.

Et s’ils étaient sincères… ?

Un politique peut-il être intègre, dévoué,  compétent …. Et sincère… ?

De ce costume virginal de début de carrière, que reste-t-il au fil des ans, des fonctions, des pouvoirs…

La sincérité qui prévaut au premier jour est-elle condamnée, broyée, submergée par d’autres impératifs ou peut-elle résister à l’usure du temps, du pouvoir, de l’argent, de la gloire ?

Idéalistes ou Rastignac…

Vieux loups ou jeunes ambitieux, leur entrée en politique tient souvent à leur héritage personnel.

Un père méprisant pour Winston Churchill, qui n’aura de cesse de lui prouver qu’il n’était pas un raté, un héros mort au combat pour Philippe Seguin, privé de père au champ d’honneur, une mère seule et courageuse pour Nicolas Sarkozy dont les études d’avocat seront un honneur familial, une ascension sociale pour Gérard Darmanin et Jean Yves Le Drian, fils d’une femme de ménage pour le premier et petit fils d’un docker pour le second, la volonté de s’affranchir de l’autorité et de la rigidité de son Lieutenant-Colonel de père pour Ségolène Royal, la révolte de celui qui affirme être né politiquement par la critique des médias, pour François Ruffin…

De ces fractures, ils en ont fait une force, de la politique, ils en ont fait une passion, du service de  l’Etat, un métier.

Chaque élu, qu’il soit connu ou inconnu du grand public a son histoire, son chemin, ses fractures…et pourquoi pas une vraie sincérité….

La dictature des médias, des réseaux sociaux, où seuls sont « bancables » en terme d’audience ceux qui franchissent la ligne rouge, voudrait nous faire croire que cette sincérité est à jamais oubliée.

Penser autrement serait au mieux la marque d’une grande naïveté, au pire un combat digne du Sancho Panza de Don Quichotte.

Mais ce serait oublier que dans nos 36 000 communes, des hommes et des femmes s’engagent sincèrement chaque jour pour leurs concitoyens, ce serait oublier les non- lieu ordonnés par nos tribunaux, repris le plus discrètement possible par les médias, ce serait sortir de ce climat de suspicion, qui, s’il fait les beaux jours des journaux, finit par décourager les plus audacieux …

Ce serait oser penser autrement dans un monde formaté où la pensée unique est de bon ton.

Ce serait dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas.

Ce serait surtout rendre hommage à nos élus, et particulièrement à ceux qui oeuvrent chaque jour  au bien commun…

La démission, le courage ultime du politique !

Entrer en politique, en ces temps d’une rare violence médiatique, est comme monter sur un ring de boxe, à la différence près que vous n’avez pas un adversaire, mais plusieurs, dont les anonymes ne sont pas les moins acharnés.

Démissionner de ses fonctions, c’est comme jeter l’éponge face à un combat inégal, dont l’issue ne peut être que le KO.

La démission d’un responsable politique peut apparaître à ce titre, comme une sage décision.

Ce n’est pas si simple….

Il y a d’un côté la certitude d’être dans le vrai, la volonté de poursuivre un travail programmé, la volonté d’aller au bout de son engagement.
Il y a de l’autre côté, les résultats d’une élection, que le débat soit tronqué, réduit à un duel contre le RN au détriment des idées, peu importe, les chiffres sont là, implacables, dont il faut bien répondre et en tant que responsable politique en assumer les conséquences.
Rester au nom de ses certitudes, c’est risquer d’entrainer tout le monde dans sa chute.

Partir, renoncer à ce que l’on croit, c’est un déchirement, quel que soit son parti, son degré de responsabilité…

La démission apparait dès lors non pas comme un signe de découragement ou de renoncement mais bien comme le courage ultime du politique